" Et si c'était demain la truite ? " Telle est la question que je me pose tous les matins en me levant, ben oui en cette période de fermeture il commence à déprimer le bonhomme ! Mais avant de passer aux lamentations, faisons un bilan de la saison 2014 avec aussi quelques dernières photos étant donné que mon dernier article date du 25 novembre, à ce propos veuillez m'en excuser !
Une saison positive sur différents points
Au niveau purement halieutique déjà : en effet je suis plutôt satisfait de ma saison en nombre de poissons, j'ai battu deux de mes records (truite et chevesne), j'ai cherché tous les carnassiers et pratiqué beaucoup de techniques différentes.
Premier point : j'ai découvert la pêche de gratte pour le sandre, que j'ai pratiquée du début du mois de novembre à la fermeture, avec une quarantaine de poissons à la clé. Cette pêche fût ma plus belle découverte de la saison, celle qui m'a procurée le plus de bons moments, les touches de sandres m'ont littéralement rendu dingue de cette pêche. A tel point que durant les derniers mois avant la fermeture j'ai mis de coté tous les autres carnassiers, je me suis vraiment obstiné pour le sandre, j'ai tenté d'en savoir plus sur ce poisson à l'humeur si lunatique. Sa pêche est une pêche vraiment technique, méticuleuse, qui nous amène réellement à se remettre en question à chaque fois car si un jour c'est le 3 pouces qui marche, le lendemain ce sera le 4. Si un jour les touches se font toutes à la descente sur une tête plombée de 3.5g, le lendemain ce sera peut être sur une simple tirée avec une tête plombée de 5g. La vitesse de récupération change incessamment, l'animation doit être revue et renouvelée à chaque fois. Les poissons s'éduquent vite, les postes sont productifs pendant un temps restreint, il faut sans cesse en chercher d'autres, prendre sa voiture et son GPS, faire le plein et enchainer les kilomètres pour découvrir des endroits soupçonnés être plus vierges, quitte à franchir d'autres départements, quitte à ne plus s'imposer de limites et faire 200 bornes dans la journée pour un sandre de 37 cm. Elle est là la remise en question, lancer son One Up sous une écluse c'est bien mais réfléchir en même temps c'est mieux. Aller pêcher le sandre ça se prépare, il faut choisir son poste, son approche, et après seulement viennent les éléments techniques : couleurs, grammage, animation, etc...
Cette pêche m'a totalement captivé pendant les trois derniers mois de l'année et je suis sur qu'elle me comblera toujours autant pour cette saison 2015 !
Madame Fario je reviens bientôt !
Deuxième point positif : Je me suis perfectionné dans la pêche de la truite aux leurres. En effet je l'ai déjà beaucoup pêché en 2013 dans le Morvan sur la Haute Yonne notamment, mais cette année a été vraiment mon année truite puisque j'ai fait plus de 150 poissons dans la saison, avec mon nouveau record de 41cm à la clé dans un petit affluent d'une des rivières du Morvan, un très beau poisson lorsqu'on sait que les truites grossissent vraiment lentement ici.. Pour cela je tiens à remercier mon pote David, spécialiste de ce poisson, qui m'a appris beaucoup de choses sur son comportement et qui m'a fait découvrir de merveilleux coins encore préservés, perdus au fond du Morvan que je garde évidemment pour moi, où les truites sont encore nombreuses et peu éduquées face à la pression de pêche qui règne sur d'autres parcours surpêchés. Seul j'ai également bien observé ce poisson et ses habitudes à force de me rendre au bord de l'eau, et j'en ai tiré des conclusions très intéressantes, qui j'espère me feront prendre encore plus de poissons cette année et pourquoi pas passer le cap des 200 truites ? Le Morvan c'est loin maintenant que je suis à Auxerre mais c'est un challenge plutôt motivant !
La pêche de la truite est une pêche très active où l'on traque vraiment le poisson comme un chasseur traque son gibier. On est toujours en perpétuelle recherche de postes, de bons courants, de calmes, de zones de chasse, de zones de confort, et tout cela selon les différentes heures de la journée, selon le niveau d’agressivité des poissons, la typologie du cours d'eau, le biotope présent. Le cadre est magnifique, les eaux pures, la végétation fraiche et verdoyante, s'expatrier un dimanche dans le Morvan c'est voler un coin de paradis, c'est oublier les tracas de la semaine de travail et se vider la tête, faire nager son poisson nageur et se refroidir les mains en remettant dans l'eau le Graal de notre quête du jour.
Oh les belles zébrures !
Troisième point : la traque des perches. J'ai aussi approfondi sur ce poisson. Quand je ne pouvais pas pêcher la truite, je pêchais la perche. C'est un poisson qui se pêche relativement facilement et avec beaucoup de techniques différentes. La variété des postes où l'on peut trouver les perches rendent sa pêche également très amusante. Bref j'ai pêché les perches, j'en ai fait plus de 200, la plus belle de la saison faisait 43cm, début septembre sur l'Yonne. Mai - juin je pratiquais dans le canal du nivernais dans le département de la Nièvre aux micros leurres souples, sous les écluses principalement, dans l'oxygène de l'eau qui passe entre les portes, là où les blancs viennent se rafraichir, là où les perches chassent toutes les deux minutes.. Je garde de bons souvenirs de sessions mémorables à plus de 30 poissons à chaque fois, avec à la clé un coup du soir d'à peine deux heures où nous avons fait avec mon collègue du jour 84 perches sur le même poste et avec le même leurre ! Enfin le même modèle car avec toutes les attaques on a passé la pochette de leurres dans la session ! Des touches, des touches et encore des touches, une pêche super sympa avec du matériel léger, qui peut réserver parfois quelques bonnes surprises comme la prise de sandres au milieu du banc de perches.
Et puis lorsque je suis arrivé à Auxerre début juillet j'ai complètement changé de technique : j'ai traqué les perches sous les gros barrages auxerrois avec des cranks, lipless, longbills etc. Le crank m'a rapporté d'excellents résultats, avec une moyenne de 3 à 4 poissons par sortie et à plus de 25cm en taille et régulièrement des beaux sujets de plus de 30cm. Lorsqu'il faisait chaud les après-midi de juillet, pas de panique, une canne légère, quelques cranks de coloris différents, la Mégane et hop direction les barrages. Les chevesnes et brochets s'invitaient aussi régulièrement à la fête.
Puis durant ma période automnale et hivernale de recherche du sandre je suis tombé régulièrement sur de très belles perches de plus de 35cm ( je n'ai pas compté les poissons de 35+, au moins une bonne dizaine) avec une belle de 41cm. Les grosses perches, une alternative sympa aux petits sandres en canal..
Mon objectif pour 2015 concernant les perches c'est de découvrir tous les gros barrages du nord du département car je suis convaincu qu'il y a de très gros sujets à faire et aussi d'énormes bancs à exploiter, bref de quoi s'amuser, et aussi d'augmenter la taille moyenne de mes prises donc une grosse réflexion est à mettre en place pour permettre cela..
Chevesnisation !
Dernier point positif niveau poisson : Monsieur le chevesne. Ce vulgaire cyprinidé comme certains diront, d'ailleurs à ces types là : tracez votre route ! Bref je reprends : ce beau cyprin d'eau douce est un poisson passionnant à pêcher car on pourrait faire de lui l'éloge de la méfiance ! Ce poisson s'éduque très vite, et sa méfiance peut nous mettre dans des états hors de nous, et nous faire littéralement péter les plombs, notamment en compet quand les pépères de 50cm suivent nos micros leurres jusqu'à nos pieds et font demi tour au dernier moment à 5 minutes de la fin....
Pour les chevesnes je les ai donc principalement pêché à vue, avec une bonne paire de polarisantes et des bons micros leurres (PN principalement). C'est une pêche passionnante où il faut beaucoup se déplacer pour trouver des poissons actifs en maraude. Et les attaques sont particulièrement violentes, la touche vous arrache votre canne UL des mains, le poisson donne tout ce qu'il a, le combat n'est jamais gagné d'avance, votre fluorocarbone 20/100 prend cher, le temps de la prise vous oubliez que vous pêchez sous 35°c mais dès que le poisson est relâché, vous vous remettez en quête de nouveaux poissons actifs alors vous marchez, transpirez, lancez, ramenez, prenez des refus, pétez les plombs, et quelques minutes plus tard, prenez une nouvelle cartouche ! Jusqu'à ce que le coup du soir arrive et là vous remballez votre matos à chevesne et sortez l'artillerie lourde pour les brochets, silures et autres sandres.
Je viens de résumer en quelques lignes comment j'ai pêché le chevesne cette saison : en pleine chaleur, quand les autres carnassiers ne sont pas actifs. Rien de sert de s'obstiner à prendre un brochet quand il fait 35°c alors que d'autres poissons eux sont actifs dans cette tranche de températures. Il faut optimiser sa pêche, la rentabiliser au maximum pour prendre le plus de plaisir possible sur des poissons différents avec des techniques différentes !
Et les belles rencontres..
Dernier point positif de cette saison 2014 : les rencontres. Parce qu'à la pêche il n'y a pas non plus que le poisson qui compte, il y a aussi le cadre, l'ambiance, les copains, le casse croute du midi et les ressources liquides. Et cette année, principalement depuis que je suis à Auxerre, j'ai fait un paquet de rencontres au bord de l'eau ! Parmi les meilleures je peux citer mes potes Arnaud et Julien puisqu'ils font désormais partie intégrante de ma vie, on pêche ensemble tous les weekends, partage des supers délires, et on a monté Easy'fish!
Easy'fish est une émission de pêche venue d'une idée de Julien (le réalisateur) qui a pour but de présenter une technique de pêche chaque mois afin d'initier les plus jeunes ou moins jeunes mêmes, et de donner envie aux gens d'aller pêcher afin de donner encore davantage une bonne image de la pêche, moderne, sportive, en pronant le no kill etc.. Je me charge donc d'écrire les scénarios et la structure des différentes émissions, et c'est moi qui présente également chaque émission, accompagné d'Arnaud. Chaque mois allons faire venir un/une invité(e) qui est spécialisé(e) dans une technique particulière. L'émission se compose de la manière suivante : une partie plateau où l'invité et moi même présentons la technique du jour, et une partie terrain où comme son nom l'indique, nous partons pêcher les poissons recherchés par la technique du mois. Nous avons lancé notre première émission en février qui s'intitule " le drop shot au ver " (lien de l'émission : https://www.youtube.com/watch?v=u0bH62H2qTE , ou sur youtube : easy'fish drop shot au ver. N'hésitez pas à vous abonnez à notre chaine puisque la prochaine émission sortira fin mars et présentera des techniques d'ouverture pour la truite, et nous allons sortir au moins une émission par mois pour cette année 2015. J'ai aussi lancé la page facebook de l'émission pour tenir au courant les gens qui nous suivront des actualités de l'émission, les tournages, avec des photos, pourquoi pas un bêtisier, etc.. Un gros projet donc qui demande à Julien et moi beaucoup de travail et d'investissement mais quel bonheur de partager ça !
Les flops, quand même !
Après avoir parlé des points positifs, place au moins drôle, les points négatifs et il y en a eu :
cette année je n'ai presque pas pêché le brochet je me suis donc un peu éloigné dans la bonne compréhension du comportement de ce poisson, j'ai donc fait moins de brochets cette année, une petite quarantaine je pense, contre 90 en 2013, 83 en 2012 et 82 en 2011.. Mais bon il faut choisir on ne peut pas pêcher tous les carnassiers en même temps. Cette année je suis devenu un pêcheur finesse, en light, j'ai porté moins d’intérêt pour Esox Lucius même si j'aime toujours autant me faire démonter par une poutre sur un spinner ! Et justement des poutres, il n'y en a pas eu. J'ai fait quelques jolis poissons de plus de 70cm sur l'Yonne et en plan d'eau, mais toujours pas de métrés en vu, celui que j'ai décroché pour ma première sortie en float tube sur l'Yonne en octobre devait s'en approcher quand même. Pour 2015 avec le float tube, je me lance en quête du métré, et le jour où il sera hissé sur le float c'est sûr j'aurai la larme à l'oeil !
J'ai aussi cherché pendant quelques bonnes heures les silures sous les barrages auxerrois cet été, à part quelques cartouches je n'ai pas eu la chance d'en tenir un. Mon petit record d'1m50 doit se faire pulvériser cette année, quitte à pêcher beaucoup plus en aval, dans beaucoup plus d'eau. Mais ce poisson est malin, il s'éduque très vite, et au cœur de l'été d'après mes observations et celles de vrais pêcheurs de silures, rien ne sert de pêcher avec de gros shads, les moustachus se font sur des shads classiques, 10 12cm, parfois moins, parfois à la cuiller n°2, en cherchant les perches.. Je vais aussi me pencher davantage sur ce poisson pour 2015, en quête de sensations fortes !
Le black bass, toujours un grand absent dans le département de l'Yonne hormis dans quelques plans d'eau privés, j'en ai pris une bonne dizaine dans l'année mais seulement des petits poissons, dommage car c'est un poisson très méfiant où il faut une certaine maitrise technique pour leurrer les gros sujets, qui sont de très beaux poissons de sport dont j'aimerai bien avoir la chance de combattre un jour. Tant pis, j'irai dans les chercher dans le Sud !
ça pêche toujours l'hiver !
Voici quelques photos de poissons pris cet hiver, dans le froid, parfois sous la neige ou quand la tresse gèle dans les anneaux mais bon la passion est là, les poissons parfois absents, mais pour savourer les pêches miraculeuses de l'été, faut bien un peu galérer l'hiver..
Ouverture de la truite = J-9 !
Plus les années passent et plus je suis passionné, plus je suis passionné plus je vais au bord de l'eau, et plus je vais au bord de l'eau plus je ressens le besoin d'y aller, ça s'arrête jamais. C'est bien pire qu'une drogue en fait, certains sont accros au vin rouge, d'autres au tabac qui fait rire, moi c'est à la pêche. Je sais pas si c'est vraiment grave, je sais pas si ça peut se soigner, mais parfois le manque me tape vraiment sur le système. Parfois la ville m'oppresse, bloqué entre deux boulevards, toujours en guerre avec le temps les yeux rivés sur ma montre, je défie la vie de tous les jours, les obligations, le travail, l'école, la routine, les pots d'échappement des voitures, le bruit du klaxon du mec qui gueule parce l'autre n'a pas respecté la priorité à droite, et la pureté de l'eau, elle est où ? Le chant des oiseaux, l'odeur du printemps, la libellule qui se pose sur le scion de la canne ? Le Morvan est mon échappatoire, l'issue de secours, un autre monde, ma passion devient une force de motivation, une source d'énergie pour faire face aux contraintes de la vie de tous les jours.
Et puis chaque soir avant de dormir je regarde au minimum 30 minutes de vidéos de pêche à la truite, c'est comme des antibiotiques, des anti-dépresseurs. Parfois je me réveille la nuit, d'un geste brusque je ferre ma lampe de chevet, j'ai comme des sueurs froides, je sens l'appel de la rivière, le Morvan qui m'attend, les truites qui rigolent encore, ma canne qui pleure, et moi qui soupire. Alors je me rendors mais quelques heures plus tard à mon réveil, la tête encore pleine de Salmo Trutta Fario, je me lève et me dit : et si c'était demain la truite ?